Sensibiliser des jeunes lassé·e·s d’entendre parler du changement climatique, utile ou futile ?

Sensibiliser des jeunes lassé·e·s d’entendre parler du changement climatique, utile ou futile ?

En décembre 2022, nous avons démarré un parcours de 5 séances avec des 3èmes prépa métiers du lycée Emile Combes de Pons. Ce parcours a permis de se questionner sur les impacts de nos modes de vie sur le climat, et sur la responsabilité et l’éco-anxiété qui pèsent sur les jeunes générations.

Comment réussir à intéresser des jeunes, qui sont parfois loin de ces préoccupations et qui se sentent davantage victimes qu’acteurs de ce système ?

 

Le changement climatique, un sujet de préjugés ?

 

Lors de la 1ère séance, nous avons tenté de construire une définition commune du changement climatique, et de lever le voile sur les idées reçues qui y sont attachées. Les élèves ont exprimé un fort sentiment de lassitude quant au sujet dont ils entendent trop parler : « on nous rabâche ça tout le temps, mais nous on n’y peut rien ».

Le travail a donc d’abord consisté à mieux comprendre les impacts du changement climatique, au-delà du cliché de « l’ours polaire en détresse sur son petit morceau de banquise ». On parle en effet souvent de cet exemple pour illustrer le réchauffement climatique, en oubliant qu’il ne s’agit pas seulement d’un réchauffement de la température, mais bien d’un changement majeur, global, systémique et qui se perçoit bien au-delà de la fonte de la banquise. Les élèves ont pu ainsi prendre conscience que ces conséquences étaient déjà visibles aussi bien à l’autre bout du monde que dans nos régions : multiplication des catastrophes naturelles, prolifération d’insectes ravageurs, hausse des températures, baisse des précipitations, acidification des océans, etc…

 

Liberté, égalité, éco-anxiété

 

Lors des séances suivantes, nous avons décortiqué avec les élèves, toutes nos actions qui pèsent dans la balance du changement climatique. Alimentation, transport, logement, pratiques numériques, autant de sujets à aborder qui peuvent parfois être sensibles pour certain·e·s.

Derrière un masque de désintérêt, les élèves laissent parfois entrevoir un peu d’éco-anxiété, conscient·e·s que leur avenir sera plus compliqué, voire pour certain·e·s un aveu de fatalité : « Là, c’est trop tard, on peut plus rien faire ». D’autres surenchérissent, en se disant que puisque c’est foutu, autant faire tout ce qu’on veut, et ne pas réfléchir à l’impact. La liberté, portée comme étendard par certain·e·s ne doit surtout pas être entravée par des restrictions vaines. D’autres encore, accusent les générations précédentes : « vous avez tout cassé et nous on doit réparer ! »

Malgré tout, certain·e·s élèves évoquent la peur de grandir dans ce monde, et plus encore, la peur pour leurs enfants. Leur mécontentement, ne semble parfois être qu’une barrière face à l’immense bouleversement qui se dresse devant eux et dont ils sont loin d’être pleinement responsables.

Alors, comment intéresser ces jeunes à ce sujet ? Comment leur permettre d’être acteur·rice,s du changement plutôt que spectateur·rice·s des dérèglements à venir ? Comment leur donner l’envie de consommer de manière plus juste, de vivre mieux avec moins, de penser à être plutôt qu’avoir ? Comment leur montrer qu’ils et elles ont un rôle à jouer, eux qui pointent du doigt les générations précédentes pour leurs inactions ? Autant de questions qui résonnent comme des défis à relever pour les animateur·trice·s que nous sommes.

 

La force des petits pas

 

Les séances suivantes, nous avons donc parlé des alternatives qui fonctionnent, et surtout des choses qu’ils font parfois déjà sans s’en rendre compte. Pour ces jeunes de milieu rural, acheter au producteur ou même cultiver son potager fait partie de leur mode de vie familial ; pour ces accros de la mode, Vinted est devenu une valeur sûre ; et parce qu’ils sont nés avec, le tri est presque une évidence pour tous.

En questionnant les petits gestes qu’on fait déjà, et ceux qui semblent faciles à adopter, les élèves montrent un regard différent. Eux qui prônent la liberté individuelle avant le bien commun sont pourtant prêts à réduire leur consommation d’écran, à baisser le chauffage et à prendre moins l’avion. Ces éco-gestes, aussi insignifiants qu’ils puissent paraître, montrent finalement que les élèves ont conscience du problème, et savent qu’ils peuvent et doivent aussi agir à leur niveau.

Comme cela ne semble pas suffisant, ils proposent aussi de révolutionner l’état, pointant les inactions de celui-ci, preuve en est qu’ils ont saisi l’importance d’un mouvement collectif pour redresser la barre.

Pour clôturer ce projet, les élèves ont choisi de réaliser des questionnaires et des micros-trottoirs pour sensibiliser et questionner les adultes et les élèves de l’établissement au sujet. Ils sont parfois revenus étonnés de voir que tant de jeunes et adultes se sentaient concerné·e·s, et pouvaient également ressentir de l’éco-anxiété.

Finalement, c’est sans doute dans ces classes où nos objectifs de sensibilisation semblent difficiles à atteindre, que notre place est la plus utile ; là où l’engagement semble le plus dur à impulser, mais où chaque petit pas d’élève est un immense progrès, là où nos paroles ne trouvent pas toujours d’oreilles attentives, qu’il est utile d’aller porter notre voix.

 

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Vers une Europe ouverte, juste et durable dans le monde !

Vers une Europe ouverte, juste et durable dans le monde !

Depuis mai, dans le cadre d’un appel à projets porté par Coordination SUD et financé par l’Union Européenne, KuriOz mène un ambitieux projet de sensibilisation à la solidarité internationale en abordant des problématiques partagées aux quatre coins du monde (inégalités économiques et sociales, réchauffement climatique, violation des droits humains…).

Ces sensibilisations visent à développer une prise de conscience sur des enjeux internationaux pour construire une citoyenneté européenne plus solidaire ! Elles sont animées auprès de jeunes de la Mission Locale d’Insertion du Poitou, de détenus en réinsertion et dans une quinzaine de classes d’école primaire.

Alors comment aborder ces sujets avec des enfants de 7 à 12 ans, citoyen·ne·s européen·ne·s en devenir ?

Toujours à l’aide d’outils pédagogiques interactifs et ludiques, notre démarche éducative tend à faire participer les enfants afin de favoriser leur esprit critique et de les inviter à agir vers un changement de comportements, individuels ou collectifs.

Pour cela, nous avons construit un cycle en 3 séances : sur les Objectifs de Développement Durable, sur les dérèglements climatiques et sur les inégalités de genre. Retour sur l’expérience de l’école Micromégas de Poitiers.

 

 

Tous ensemble dans la réalisation de l’Agenda 2030 !

 

En première séance, grâce à un jeu de l’oie revisité, les enfants ont pu découvrir les 17 Objectifs de Développement Durable. Nous avons joué ensemble et envisagé une société socialement équitable, naturellement vivable et économiquement viable !

Lucas lance le dé et tombe sur l’ « ODD 6 : Eau propre et assainissement ». Les élèves se regardent discrètement, et l’un·e d’elles·eux prend la parole : « Assainissement ça veut dire quoi ? ». Les échanges commencent.  Maintenant, passons à la question sur la carte : « Comment utiliser moins d’eau ? ». C’est un quizz, il y a trois réponses proposées afin de gagner la carte ODD 6. A présent, c’est au tour d’Ilana. Elle pioche une carte. « ODD 7 : Energie propre et d’un coût abordable ». « Que signifie efficacité énergétique ? » se demande-t-elle.

Après plusieurs tours de jeu et beaucoup d’échanges entre elles·eux, les élèves ont une meilleure compréhension du rôle et de la contribution de l’Union Européenne et des ONG en Solidarité Internationale, dans l’Agenda 2030. A la fin de la séance, nous séparons la classe en deux. Chaque équipe doit citer, à tour de rôle, un maximum de moyens d’agir pour atteindre ces objectifs grâce à de petites actions positives dans nos quotidiens :

  • Une équipe se lance : « Moins utiliser la voiture, et plutôt prendre son vélo ».
  • L’autre rétorque : « Prendre des douches plutôt que des bains ».
  • « Ouvrir des logements pour les sans-abris », reprend la première équipe.
  • « Acheter notre nourriture à la ferme du coin », renchérit la seconde.

2 partout. Il y a encore des mains levées, les enfants ont plein d’idées à partager pour envisager un monde durable pour 2030 et au-delà… Mais la sonnerie retentit !

 

 

Les dérèglements climatiques concernent tout le monde !

 

La deuxième séance séance commence par un constat : « Notre planète à chaud en ce moment, vous ne trouvez-pas ? » Un des enfants répond : « Pourquoi a-t-elle plus chaud qu’avant ? ».

Cette deuxième séance se déroule dans la cour. Au sol, un cercle correspond à la planète Terre, autour de celui-ci un autre représente l’atmosphère et beaucoup plus loin, le dernier correspond au soleil.

Les élèves reçoivent des cartes personnage. Il y a les rayonnements du soleil, les gaz à effets de serre, les climatologues et les scientifiques. Chacun·e a une mission distincte.

A la fin du premier tour, les élèves ont pu observer le phénomène naturel de l’effet de serre qui a permis de maintenir la planète dans une température moyenne vivable et ainsi développer la vie sur Terre.

Au tour suivant, les climatologues se sont transformé·e·s en simple habitant·e·s de la planète. Sur chacune de leur carte sont écrites leurs activités quotidiennes qui émettent des gaz à effets de serre. C’est ainsi qu’ils sont devenu·e·s elles·eux-mêmes des gaz présents dans l’atmosphère. Le jeu a pu redémarrer mais cette fois les élèves observent les causes du réchauffement climatique actuel.

Ensuite, à l’aide d’un photolangage, nous avons pu énumérer les différentes conséquences de celui-ci : sècheresse, incendie, fonte des glaciers, inondations, déplacements des populations, etc.

 

 

Pour renverser les inégalités de genre, partons à la chasse aux stéréotypes !

 

Pour la dernière séance, des images de jeux, jouets, dessins animés déguisements ont été cachées dans la salle de classe. Une fois retrouvées, les élèves devaient les positionner dans la colonne fille, garçon ou mixte. Ce jeu a permis de reconnaître les stéréotypes de genre et de se questionner sur leurs provenances. Les enfants ont pu constater que ces stéréotypes n’étaient pas les mêmes en fonction de chaque famille et ont pu relater quelques histoires de leur quotidien.

« Ma sœur dit souvent à mon père que c’est du sexisme ce qu’il dit. Mais moi je n’avais pas bien compris pourquoi. » témoigne Lucie. Quant à Naim, les Légos c’est exclusivement un jeu pour les garçons car ce sont les hommes qui construisent les maisons selon lui.

Après avoir identifié les causes et les conséquences diverses des inégalités entre les filles et les garçons nous avons réalisé un atelier créatif « Ici et maintenant, on peut renverser les codes ! Alors à vos stylos ! ». Les élèves ont alors illustré, à l’aide de silhouettes, des personnages qui vont à l’encontre des stéréotypes identifiés dans le jeu précédent.

Enfin, à la fin du cycle, les enfants ont pu exprimer ce qu’il·elle·s ont particulièrement aimé, pas aimé, retenu, ce qu’il·elle·s aimeraient partager à leurs proches et ce qu’il·elle·s aimeraient changer dans leur quotidien en lien avec les différents Objectifs de Développement Durable.

 

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